mercredi 11 avril 2018

"Boom" de Julien Dufresne-Lamy

Chronique du blog Songes d'une Walkyrie


Un monologue d’un jeune homme à un autre, l’un survivant, l’autre mort dans un attentat. Fort et sensible, Boom est un court roman « d’une seule voix » qui crie la douleur de celui qui reste dans le deuil et qui doit tâcher d’avancer avant de sombrer…

Etienne est l’adolescent fêtard, celui qui accumule les conquêtes et les bêtises alcoolisées, celui qui fonce avant de réfléchir aux conséquences, le téméraire, celui qui ouvre sa bouche pour s’affirmer mais aussi faire son intéressant, celui probablement qui se cache sous une façade pétillante et insouciante, et pourtant tout cela va s’éteindre au cours d’un voyage scolaire à Londres. Depuis, la culpabilité et la peine ont pris le pas sur sa joie de vivre et sur ses rires…

Timothée était le gentil garçon, celui qui réfléchissait, savait s’arrêter, la politesse incarnée, plus posé et réservé, un ami fidèle, celui sur lequel on pouvait compter, l’intellectuel, celui qui rêvait de Londres et pourtant, aujourd’hui il n’est plus, mort violemment et subitement dans un énième attentat ridicule…

Etienne et Timothée, c’est un coup de foudre amical, un regard, un sourire et le charme opérait sur ces deux êtres bien différents l’un de l’autre, un lien indéfinissable, trois ans de relation fusionnelle, trois ans d’amitié intense, trois ans à rattraper les années où ils ne se connaissaient pas encore et puis BOOM ! Cela s’est achevé aussi vite que cela avait commencé. Aujourd’hui, Etienne tente d’écrire les mots qui pourraient soulager, submergé par les émotions ; la perte, le manque, la culpabilité. Comment avancer après tout ça ?

L’ouvrage est certes très court mais très intense, très fort, très sensible, on se prend sans peine en plein cœur la douleur qui terrasse Etienne, ce sentiment qui le rend léthargique à subir le quotidien avec ce manque terrible d’un être qui ne sera plus jamais là (le proverbe « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » prend ici tout son sens). Il parle à Timothée, lui dit ce qu’il pense et ressent. Le thème du deuil est justement traité, avec pudeur et sensibilité, mais aussi avec colère et culpabilité, il s’agit d’un deuil adolescent, moment d’un être où tout est exacerbé, notamment les états émotionnels. En cela, le personnage d’Etienne est très réaliste.

Le roman est façonné de manière anarchique, tantôt des souvenirs, heureux le plus souvent, tantôt le ressenti présent, une impression que cela part un peu dans tous les sens, un peu brouillon dans l’organisation des idées, mais n’est ce pas cela de ressentir et vivre pleinement les émotions, les attraper comme elles viennent, puis les coucher sur du papier, cela sonne encore plus réaliste au final et je pense que c’est ce que l’auteur recherchait, évoquer l’état de deuil d’un être adolescent, de façon brut et certainement pas finement taillé, cela aurait manqué de spontanéité tout simplement.

En bref, un court roman qui se dévore et se ressent, un petit joyau qui ne demande qu’à briller dans vos cœurs. Très belle lecture !

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