lundi 20 mars 2017

"Le groupe" de Jean-Philippe Blondel

Chronique du blog On l'a lu


Lorsque Marion, professeur de philosophie, lui propose de monter un atelier d’écriture avec des élèves de terminale, François n’a pas le cœur de refuser. Écrivain et professeur d’anglais, il devient alors le capitaine d’un bateau, guidant des marins vers ce qui le fait vibrer le plus au monde : l’écriture. Dans ce groupe de douze -dix élèves, deux adultes-, aucun jugement ni conseil, mais une parole libérée de toutes contraintes. La théorie de François : plus on écrit, plus on écrit… c’est à dire que plus on s’exerce, moins on aura de difficultés à s’exprimer. Une heure par semaine pendant un an, réunis en huit clos, le groupe va s’entraîner grâce à de petits exercices, retranscrits chaque fois sur les pages, exercices qui les amèneront à réfléchir, et à faire part de leurs sentiments, de leurs doutes, de leurs questionnements intérieurs.

Tout le monde à égalité

Pendant soixante minutes, les participants sont sur un pied d’égalité. Dans la petite salle de réunion, le rapport professeurs/élèves n’existe plus. Penchés sur leurs feuilles, le stylo à la main, ils écrivent, de concert. Subtilement, l’auteur nous fait entrer dans les pensées des personnages : celles de lycéens, Léo, Nina, Émeline, Maxime… et celles des deux enseignants. Grâce à leurs textes parfois malhabiles, leurs vies vont apparaître, comme par enchantement.

Le jeu de l’intime

Roman polyphonique, « Le groupe » ne conte pas seulement les récits de vie croisés de lycéens ; il tend surtout à laisser apparaître les émotions face à l’écriture, le processus d’une action tellement personnelle que les élèves ne doivent pas relever la tête lorsqu’ils écrivent, seul ordre du professeur, afin de ne pas perturber les autres. Peu à peu, s’astreignant avec toujours plus de rigueur aux activités d’écriture proposées par François, ils finissent chaque fois par jouer le jeu dangereux de l’intime, même en se glissant dans la peau d’un autre. Le piège se referme sur eux, et leur aventure au départ personnelle, sera désormais pleinement collective. De ce cloisonnement, dont ils ne pensaient pas qu’il irait aussi loin, ils en sortiront grandis, bouleversés, désabusés… et le lecteur aussi.


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